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Le journal de nos aïeux - XVIIIe siècle
Déclaration du Roy
au sujet des bleds


 
LOUIS par la grace de Dieu
Roy de France & de Navarre
1709

Vendenesse-les-Charolles

"La présente année 1709, la disette du bled a esté si grande qu'il est mort deux cents personnes (sur 1 340 habitants) de misère à Vendenesse, la gelée du mois de janvier ayant fait mourir tous les bleds, les noyers, cerisiers, pommiers, poiriers et plusieurs pruniers, en sorte qu'on a esté contrain et de manger l'herbe des prés et les raveneaux, alias raveneles et sur la fin de l'année faire du pain de gland dont on offrit le pain bénit à la dernière messe, le jour de Noél dernier. En foy de quoy j'ai signé le présent mémoire le 26 décembre 1709. J. Charcosset, curé de Vendenesse. Il est sorty vingt ménages de Vendenesse".


La famine

En Mâconnais la médiocrité des récoltes de grains en 1707 et 1708 n'augmenta pas le prix des blés ; le froment, toute cette année, et jusqu'à la récolte de 1708, ne valut que 15 à 16 livres l'ânée, mais, cette dernière récolte ayant été aussi peu abondante que la première, la nouvelle semence ayant été faite dans un temps pluvieux et fort tard, et le froid s'étant fait sentir assez violemment vers le milieu du mois d'octobre, le prix des grains augmenta considérablement, et le froment valut déjà, au commencement de novembre, 30 à 32 livres l'ânée.


Colombier-en-Brionnais

"Dans l'année 1709, le fort de l'hyvert se prit la veille des roys, 5 janvier, par une rigoureuse et épouvantable bize, et par une cruelle gelée qui dura le reste du mois et davantage le froid fut si rude et si terrible, que les noyers et les châtaigniers, les cerisiers et quantités d'autres arbres moururent ; mais le plus grand mal fut que les froments et les seigles gelèrent en terre et se perdirent entièrement, ce qui causa cette chère année et cette chèreté de grains qui n'a guère eue de semblables, car la famine fut si grande que l'on fut contraint de manger pendant longtemps du pain de fougère et de glands, et que la cinquième partie du peuple (et même davantage) mourut de faim, surtout les petits enfants.

Enfin, l'on ne peut se ressouvenir d'un si triste temps que l'on ne tremble et que les cheveux n'en hérissent, surtout quand l'on se remet devant les yeux comme la faim avait défiguré le visage des pauvres et même de quantité de personnes aisées qui, par malheur, ne se trouvèrent point de grain, ceux qui souffraient la faim étaient noirs, hideux et épouvantables, et jetaient des cris qui faisaient compassion, même souvent ils tombaient morts, marchant par les chemins. Le froment valut jusqu'à dix livres le boisseau, le seigle 7 livres 10 sols, et le vin se trouva encore Si rare que le meilleur marché était cent livres la botte ; les meilleurs maisons n'avaient que du cidre pour leur boisson, et il y eut des prestres qui furent contraints de s'abstenir de dire la messe faute de vin.

Dans la paroisse de Colombier où il n'y a guère que 200 communiants environ on y fit depuis Pâques jusqu'à la Saint-Martin soixante douze enterrements, les deux tiers d'enfants".


L'exode des pauvres vers les villes

Les pauvres fuient les campagnes individuellement ou par bandes. Les errants affluent vers les villes où existent des réserves et des établissements de charité. Les registres des paroisses de Mâcon mentionnent un grand nombre "d'inconnus" (morts de misère, est-il parfois précisé). Certains sont morts dans la rue ("auprès du pont", "auprès de l'oratoire" "sur la place de la Baille"...). De nombreux décès concernent des pauvres venus des paroisses extérieures dont on ne connaît souvent ni le nom, ni l'âge. Ce phénomène d'exode apparaît à partir d'août-septembre 1709 et continue jusqu'en février-mars 1710. On a dénombré sur le registre de Saint-Etienne en 1709 155 naissances, 39 mariages et... 487 décès.


L'hiver 1709 en Bresse

"En cette année 1709, l'hiver commença le 6 janvier par une bize si grande que dans 24 heures les rivières portaient chars et charetes, et auparavant cette grande froidure la terre était pleine d'eau ce qui a fait que la gelée a fait un dégât épouvantable, elle a duré trois semaines sans aucune relâche, il y tomba une quantité de neige qui étant emportée par la bize n'a pu épargner le bled qui était en terre lequel a été perdu, si ce n'est dans les endroits où la neige était restée.

Ce pays icy a été tout perdu, premièrement les bleds ont été gelé ce qui a fait cheretée épouvantable, le bled s'est vendu neuf francs la mesure, les gaudes dix livres, le sarazin autant aussi bien que le pilé battu , les febves et le reste presque autant. Les trois quarts du monde gueusoient et ne trouvoient presque rien, les voleurs enlevoient les grains dans les greniers, et si l'on ne les avoit chassé tout étoit perdu ; les étrangers comme Charolois et autres se portoient dans ce pays, icy où ils ont tellement infesté l'air que cela a causé de très grandes mortalités, principalement à Chalon et à Mascon, et presque tous les principaux s'en sont ressentis.

Les vignes ont été toutes gelées et n'ont point rapporté de raisins, ce qui a été cause que le vin s'est vendu quarante écus la queue, la plus petite. Les évêques avoient permis de manger de la viande le temps du caresme, mais ceux de la campagne n'ont pas voulu en manger ; il n'y a que ceux des villes, mais ils ont bien payé leur gourmandise, et la mort les a bien empêché de demander une autre année une telle permission, qu'on leur a donné que sur de faux exposés, disant que le poisson était mort dans les étangs, mais cela était faux puisque jamais il n'a été si commun. Tous les arbres fruitiers, même les noyers ont été gelés et n'ont rien rapporté et on a été obligé de les débrancher pour les faire revettir. Les artichaux ont été tous perdus aussi bien que les autres racines de jardin. Les vieux ceriziers, pommiers et poiriers ont été perdus et sont devenus secs. Les chênes de ces pays icy ont porté quantité de glands, ce qui a fait une petite abon-dance, on a amené dans ce pays icy quantité de cochons de tout le Louhannois lesquels se donnoient à bon marché, maigres, mais étant gras se sont vendus jusqu'à trente livres pièces, et ils ne coutoient que dix livres, ce qui a fait que ceux qui en ont achepté ont gagné moitié par moitié.......La volaille a été sans prix surtout les chapons qui se sont vendus 40 s., 70 s., les perdrix et les canards presque autant la pièce".


L'hiver 1709 en Autunois

L'année 1709, le sixiesme de janvier, à deux heures après midy, le soleil étant opposé à Saturne, il s'éleva une bize si forte et apporta un froid si sanglant, qu'il étoit en son dernier degré, et jamais il ne s'est peu être fait une froidure plus rigoureuse qui dura jusqu'au mois de mars. La terre étoit couverte de neige et les bleds auroient été conservés, si elle eust toujours tenue mais le jour elle fondoit, et la nuit, le tems s'esclaircissant, il geloit plus fort qu'auparavant, et toujours en augmentant, et cela à trois ou quatre reprises, de sorte que, n'y ayant plus de neige sur la terre qui pû conserver les bleds, et la gelée se fortifiant toujours, enleva de terre et déracina enfin les dis bleds ; les campagnes auparavant couvertes de verdure ne paroissoient plus qu'une terre stérile, à peine pouvoit-on trouver un poil de bled, et la pluspart, étonnés de ce spectacle, alloient dans les champs creuser et fouir la terre pour voir s'ils ne trouveroient pas encor le germe, mais inutilement.

Les pauvres gens faisoient courir le bruit que les bleds ressusciteroient à Pasques ; mais leur espérance fut vaine, et tout a esté perdu, excepté quelques petis cantons qu'on avoit fait dans les bois, qui fut conservé par la neige, qui ne fond pas sitost dans les endrois couverts et sauvages. Le peuple donc tout consterné, hors d'espérance de récolte, sans provision, étoit déjà en allarmes et en émotion; on ne pouvoit sortir du bled des villes qu'en danger de perdre et le bled et la vie à combien cela est-il arrivé ! Le bled monta aussytost à un prix excessif, et ceux mesme qui en avoient ne vouloient en vendre, et le cachoient dans des cheminées qu'ils faisoient murer ; on vendit ledit grain jusqu'à quatorze francs le froment, douze livres le seigle, six livres l'orge et quatre francs l'avoine ; quelques chers qu'ils fussent, personne ne vouloit vendre ; dans les mar-chés, on se l'arrachoit des mains ; et chacun en vouloit avoir pour son argent, les plus forts l'enlevoient, et les faibles étoient malheureusement foulés aux pieds avec leurs argent en main. Ils se faisoient des séditions et des tumultes terribles ; les pauvres gens qui n'avoient ni bleds ni argent avoient déjà pris la résolution de voler, et les chemins, qui en étoient couverts, donnoient une si grande épouvante, que personne n' osoit se mettre en campagne pour faire voyage

on insultoit et on attaquoit partout, mesme jusqu'aux maisons de la campagne ; ceux qui n'avoient point de provision, comme les seigneurs, ne pouvoient en chercher, ni se mettre sur les chemins qu'en assemblant de grosses trouppes d'hommes armés, et souvent risquoiton encore, car plusieurs villages assemblés et bien armés de touttes pièces, mesme jusqu'aux femmes, qui faisoient plus de peine, en ont souvent arrestés et partageoient ladite graine entre eux impunément. Tous croioient périr de faim ; les pauvres, n'ayant ny grain, ni argent, défendoient leurs malheureuse vie de toutte manière ; les riches, avec leur argent, n'avoient pas plus d'espérance, puisque personne ne vouloit vendre.


1723 Création de l'Université de Dijon.

1726 Chevagny

Le dix neuvième octobre de l'année, il a apparut un feu tout particulier depuis le soleil couchant jusq'à onze heures du soir, personne n'en a seut donner aucune explication juste, et on l'a traité de phoenomène, d'autres disent qu'il en parut un second, le dix septième de de décembre de la même année sur les huits heures du soir. Pendant l'esté, la grêle a fait beaucoup de ravage dans cette province.


1729

L'année a esté abondante en toutes choses, et singulièrement en vin. Il y a apparut un phoenomène le quinzième de novembre, à la vérité pas si fort que celuy de l'année 1726. Quelqu'uns ont dit s'estre apperceut d' un tremblement de terre en janvier.


1731 : Dijon reçoit un siège épiscopal.

1739

Tout ce qu'il y a de particulier en cette année, c'est la grêle qui est tombée d'une manière si effroyable le vingt sixième de juillet, qu'elle a oté les trois quart du vin en cette paroisse et aux environs.(Remarques du curé Claude Marie Gacon. prestre de Feillens en Bresse, curé de Chevagny.)


Anecdotes relevées dans les registres de Peronne

"Le 14/06/1705, j'ay bénit une cloche à Péronne sous le nom de Claudine par permission de Monsieur le Grand vicaire datée du 12/06 et signée DE LA VIGNE, vicaire général. Le parrain a esté Jean Baptiste DE LAMARTINE, escuyer et conseiller au baillage et siègle épiscopal à Mascon et la marraine Dame Dame Claudine DELACHAR femme de Monsieur de Péronne. Ont été présents Benoist THEVENON, Blaize THIBAUD et Claude TISSERAND, charpantier."


Noté en 1740 : l'inégalité des lois abrègent la vie des hommes.

1749 : "Ne souffre jamais que l'orgueil domine ou dans nos pansées ou dans nos paroles. Ce sont par l'orgueil que tous les maux ont commencé".

Le 15/07/1784 j'ay bénit une cloche à Saint Pierre de Lanque annexe de Péronne. Parrain, Joseph RENAUD, praticien et marraine : Anne Marie BOUILLOUX femme de Jean TISSERAND.


1748 : Naissance de l'Académie de Dijon.
1751 : disparition des Etats particuliers du Charollais.
1754 : Mort de l'évêque janséniste d'Auxerre, Caylus.
1761-1763 : L'Affaire Varenne.
1771-1774 : Le Parlement Maupeou.
1781 : Le roi achète les forges de Guérigny.
1782 ; Début des travaux des trois canaux de Bourgogne.
1782  :Construction de la fonderie du Creusot.


Nos pages de relevés sur le Recensement du CREUSOT EN 1787.

1788 : Rébellion du Parlement de Dijon.
1789 (15 juillet) :  Prise du Château de Dijon par les patriotes.
          (28 juillet) Les paysans du Mâconnais écrasés à Hurigny.
1790 (18 mai) Fédération des gardes nationales de Bourgogne.
           (22 juillet) Fin du Parlement de Dijon.
1791 (février) Arrestation des tantes du roi à Arnay-le-Duc.
1793 (mars) Troubles à Arnay. Autun. Beaune et Dijon.
          (mai) Congrès fédéraliste à Mâcon.
1796 (avril) Les gardes nationales nivernaises mettent fin à la Petite Vendée du Sancerrois.


Détail sur le paragraphe "Déclaration du Roy au sujet des bleds"

LOUIS par la grace de Dieu Roy de France & de Navarre. A tous ceux qui ces presentes Lettres verront, SÀLUT. Une longue fuite de recoltes abondantes qu'il avoit plût à Dieu d'accorder à nôtre Royaume y avoit fait descendre les Bleds a un si bas prix que tes Laboureurs & les Fermiers ne se plaignoient que de la trop grande quantite de Grains dont ils étoient embarrasses ; Ainsi nous avions lieu d'esperer que quoique la recolte dc l'année derniere n'ait pas eté aussi favorable que celle des années precedentes , & malgré l'inquietude où l'on eu dans plusseurs Provinces de l'évenement de la recolte prochaine.Nous n'aurions point à craindre qu'une cherté excessive succédât en un moment à une abondance onereuse. Nous apprenons néantmoins de tout coté que le prix des Bleds est considérablement augmenté & Nous fûmes informés en même tems que cette augmentation subite doit être attribuée, non pas au deffaut des grains dont nous ne pouvons douter qu'il ne reste une très grande quantité dans le Royaume: Maïs à 1' avidité de ceux qui voulant profiter de la misere publique, ou impatiens de se dédomager de la perte qu'ils croyent avoir fait par le bon mar-ché où ils ont veu les Grains pendant plusieurs années consecutives; les resserrent avec soin pour attendre que la rareté aparente du Bled l'ail fait monter à un prix encore plus haut que celui auquel il est à present. Et comme le bien & le soulagement de nos Sujets, & sur tout des pauvres est toujours le principal objet de nôtre attention , Nous croions ne pouvoir rernedier trop tôt à un mal dont les suites seroient encore plus dangereuses si Nous n'y aportions promptement les remedes convenables, en donnant d'ailleurs aux Laboureurs & à ceux qui faciliteront la culture des terres & le commerce des Grains toutes les marques qu'ils devoient attendre de nôtre protection. A CES CAUSES de l'avis de nôtre Conseil, & de nôtre certaine science, pleine puissance & authorit~ Royalle, Nous avons dit, déclaré & ordonné ,& par ces Presentes signées de Nôtre main, disons, declarons, ordonnons, Voulons, & nous plaît ce qui en suit.

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